CLEON – La Traverse

« La petite salle à la programmation prestigieuse »

Sur les routes de Normandie pour découvrir le réseau culturel local, nous voici aujourd’hui à La Traverse, en compagnie de Paul Moulènes, directeur général et artistique en charge de la programmation.

       C’est en 1993 que la salle de spectacles voit le jour, puis sa gestion est rapidement confiée à l’association « La Traverse », par la mairie de Cléon.  

      A sa tête, Paul Moulènes nous présente les 3 types d’activités de sa structure.

Avec une programmation variée mais une réelle préférence pour le blues, la principale activité de La Traverse est la diffusion de spectacles. Elle propose environs 30 concerts par an, de tous styles, mais également quelques pièces de théâtre et des spectacles de danse chaque année.

Militant pour un accès facilité à la culture, l’association s’est également engagée dans ce sens, offrant notamment un programme scolaire très complet et diversifié.

Enfin, la structure accueille de nombreuses manifestations extérieures à la Traverse, comme les vœux du maire, le repas des aînés ou encore le « Festival Bouts de Choux ».

  L’agence AMAX vous propose aujourd’hui de découvrir les petits secrets de cette programmation ainsi que l’identité profonde de ce lieu, une identité marquée par la passion du blues et de la transmission…

UNE PROGRAMMATION DE NICHE, MAIS PAS QUE… 

Pour les passionnés de toute la région

« La Traverse est reconnue pour sa programmation sur un territoire assez large, avec un public qui vient de toute la région. » Paul Moulènes.

     Comme nous le disions, la salle de Cléon adore la musique et particulièrement le blues. Paul Moulènes nous explique que la Traverse aborde ce genre musical d’un point de vue très large, à travers notamment l’histoire des musiques afro-américaines.

Le temps fort du blues, c’est le « Festival Blues de Traverse » qui a lieu tous les ans vers le mois de novembre, et s’étale sur 4 semaines. On y découvre des concerts tout public aussi bien que scolaires, des expositions, et, une belle originalité : des concerts chez l’habitant ! Nous y reviendrons un peu plus loin…

L’attente entre deux éditions de ce festival peut sembler bien longue aux passionnés de blues… Voilà pourquoi un plus petit festival est organisé en mars-avril chaque année : le « Festival Blues from mars ».

Le choix de ce type de programmation n’est pas un hasard. Si l’on met en parallèle l’histoire du blues et celle de la région qui entoure la Traverse, on peut y voir de nombreux point communs…  Une grande partie de la population de cette zone est issue de l’immigration, venue de l’Afrique de l’Ouest et attirée à l’époque par le travail dans les industries de la région. Mais l’arrivée de l’automatisation, notamment, a paupérisée cette population. Pour ce qui est du blues, il s’agit d’une musique de contestation nées aux Etats-Unis dans les quartiers difficiles noirs américains.  

C’est donc naturellement que la population de la région s’est tournée vers cette musique qui lui parle et lui ressemble.

« Ce que l’on diffuse ici c’est une musique qui a aussi été créée par des gens qui avaient du mal à s’en sortir. Ils se servaient de leurs racines pour donner naissance à une nouvelle culture, qui ensuite est devenue une culture dominante ».

Paul Moulènes, directeur général

       Un autre lien crée de la cohérence dans cette programmation : celui entre le blues et le rap. Ce dernier étant bien représenté à La traverse avec un important volet sur les cultures urbaines : concerts de rap et spectacles de danse hip-hop.

Or, Paul Moulènes nous explique que le rap est abordé dans cette salle comme le descendant du blues. Car d’un point de vue historique à nouveau, les deux styles se rejoignent, le rap étant lui aussi né dans des quartiers difficiles noirs-américains des Etats-Unis, et proposant une musique de contestation. Il est d’ailleurs devenu à son tour un courant dominant.

Et le souci de plaire aux habitants qui vivent autour de la salle est là encore bien présent. Car, comme nous l’explique M. Moulènes, La Traverse choisit « un rap assez hardcore, assez street, qui est en lien avec les quartiers prioritaires qui nous environnent. On travaille notamment avec toutes les associations jeunesse du territoire à qui l’on propose des tarifs préférentiels sur ces concerts-là. »

Grâce à cette programmation :

« La Traverse est reconnue sur un territoire assez large, avec un public qui vient de toute la région. Surtout pour le blues où nous touchons souvent un public de connaisseurs, grâce à la venue d’artistes plutôt rares sur le territoire français. »

       Le lieu se différencie de ses voisins, en proposant une musique plus old school, qui s’inscrit dans une histoire de la musique et qui cible un public mature.

Car le blues appelle un public de connaisseurs, très pointu, dont la moyenne d’âge se trouve plutôt autour de 50-60 ans puisque la salle accueille de nombreux groupes originaux des années 60/70.

« Nous sommes une salle vintage qui s’adresse aux passionnés et musiciens. »ne salle vintage qui s’adresse aux passionnés et musiciens. 

Pour les enfants : un programme de découverte du spectacle sous toutes ses formes

« La découverte du spectacle vivant participe à l’émancipation du citoyen et des enfants en particulier à l’âge où l’on se construit.

C’est aussi un savoir commun partagé ».

      Pour l’association, l’une des plus importantes valeurs du spectacle est l’éducation des esprits. Et cela se retrouve dans un programme conséquent et complet, consacré aux enfants : tous les élèves de maternelle et de primaire de Cléon viennent voir 3 spectacles par an, de tous types : théâtre, danse, musique, marionnettes, etc. Ce qui représente 25 à 30 spectacles sur toute la scolarité d’un élève. De quoi découvrir le spectacle sous toutes ses formes et devenir accro ! Car bien sûr, les enfants prennent ainsi l’habitude de fréquenter les salles de spectacles. Mais ils apprennent du même coup les codes du comportement à adopter dans ce type d’endroit, et de manière plus large, au quotidien au sein d’une société. Sans oublier bien sûr les valeurs et messages que délivrent chaque spectacle, selon leurs thèmes ou projets pédagogiques.

Ce travail est également mis en place directement dans les écoles et les collèges à travers des actions culturelles avec les artistes dans les établissements.

Mais les enfants ne sont pas les seuls à en profiter. La Traverse intervient aussi auprès des adultes et de personnes handicapées.  Un exemple : dans le cadre de la fête de la ville, « Cléon en fête », les décors sont construits tous les ans par les habitants encadrés par des artistes. Une fête qui devient donc participative.

PROCHAINEMENT A LA TRAVERSE…

        Comme prévu donc… du Blues ! Et surtout le 26ème Festival Blues de Traverse qui arrive très bientôt : en novembre. De belles icônes seront au rendez-vous comme Manu Dibango qui vous reconnectera avec les racines de ce genre musical, avec le célèbre Dick Rivers, pionnier du rock’n’roll français ou encore Robben Ford. Mais aussi des rendez-vous habituels tels que le Chicago Blues Festival qui présentera les meilleurs musiciens du moment aux USA, représentant ainsi le Blues de Chicago, ou encore La New Blues Generation avec des artistes qui viennent pour la 1ere fois en Europe et sont émergents sur la scène blues américaine.

Les petits ne seront pas oubliés pendant ce festival car un concert leur sera réservé : « Gainsbourg for Kids ».

 

       Côté théâtre ? Tex viendra à la Traverse dans la pièce « Monsieur Nounou » et même le théâtre classique sera représenté avec une version musicale de « L’Avare » par la compagnie des Déménageurs Associés. La pièce est transposée dans les années 60-70…

Toutes les infos sur la programmation sur le site de la Traverse : http://www.latraverse.org

LES PETITS + DE LA TRAVERSE 

Favoriser l’accès aux droits culturels

« Mon moteur c’est d’apporter une pierre à l’édifice d’une société telle qu’on aimerait la construire, avec les moyens dont on dispose. »

       C’est une priorité pour la structure qui propose des formes de spectacles populaires et très accessibles afin que toutes personnes puissent avoir accès à des codes, à une construction intellectuelle qui intègre aussi une culture qui puisse être partagée.  Car selon Paul Moulènes, « le spectacle est très constructif et participe à la construction d’une société et d’un individu ».

 

Un travail de proximité

« A mon sens, l’ancrage territoriale est primordial et les concerts chez l’habitant sont une façon de s’ancrer sur le territoire »

       Nous en parlions plus haut, la salle de Cléon offre un concept original : les concerts chez l’habitant. Ils se font surtout dans le cadre du Festival « Blues de Traverse ». Leur objectif est de toucher une population qui n’a pas l’habitude de venir au spectacle. L’habitant n’ouvre pas sa maison aux personnes de l’extérieur mais à son propre entourage. Et c’est en cela que la Traverse touche un public qui ne viendrait pas forcément dans la salle et qui parfois ne va même jamais au spectacle, toutes salles confondues.

Cela permet également de toucher tous types de personnes.

« On va aussi dans l’habitat social. Le but ce n’est pas de faire du chiffre mais de faire connaître le travail de la Traverse. L’objectif n’est pas que les gens s’abonnent à La Traverse, mais plutôt que nos voisins nous connaissent et sachent que derrière tout ce que l’on propose il y a un vrai travail, de vrais artistes, même si l’affiche présente des noms dont ils n’ont jamais entendu parler. »

Ce concept permet à ces habitants de découvrir autre chose que ce qui passe à la radio…

Ces moments particuliers et complètement originaux créent un véritable lien entre le public et l’artiste mais aussi entre le public et la salle.

« A mon sens, l’ancrage territoriale est primordial et c’est une façon de s’ancrer sur le territoire »

Et du côté de l’artiste ? C’est une manière originale de présenter son répertoire : il échange bien plus lors de ces rendez-vous. C’est un format de concert complètement différent pour lui.

Et les résultats sont au rendez-vous : l’image et l’appréciation de la Traverse par la population et les élus locaux évoluent :

« Il y avait beaucoup d’ignorance sur ce que l’on faisait et ça, c’est en train de changer. »

« La municipalité nous apporte un soutien accru et sent que les efforts qu’elle fait pour soutenir la salle paient par l’implication que nous avons sur le territoire »

La reconnaissance des artistes

« Les artistes parlent du public de La Traverse »

Les artistes eux-mêmes aiment beaucoup cette salle. En dehors de l’accueil qui leur est réservé et de la bonne acoustique de la salle, C’est aussi grâce à son public particulier de connaisseurs, fidèle au rendez-vous depuis maintenant 25 ans. Les artistes le ressentent. L’ambiance et l’échange avec ce public n’est pas le même qu’ailleurs.

Mais c’est aussi grâce à l’histoire du lieu, une histoire marquée par de grands noms du Blues :

« Tous les grands noms du blues encore vivants sont passés par ici. On est la petite salle à la programmation prestigieuse ».

 

D’ailleurs, vous aurez peut-être même la chance d’apercevoir Paul Personne dans le public car il vient lui-même voir des spectacles à la Traverse ! Des spectacles qu’il n’a pas l’occasion de voir ailleurs. Un lien particulier s’est créé avec cet artiste qui joue à La Traverse à la sortie de chacun de ces albums.

 « Paul Personne marque l’histoire de la salle et correspond exactement à notre identité et à notre public. »

Paul Moulènes se souvient aussi d’une date magique : en plein dans le contexte des attentats du Bataclan, Warren Haynes a joué 2h30 et a fait passer un message plein d’espoir et d’émotions. Un moment marquant pour l’artiste lui-même puisqu’à l’occasion de sa tournée européenne avec son groupe, en France il n’a voulu jouer qu’à Cléon, refusant même Paris ! 

LA TRAVERSE à Cléon

Renseignements : 02 35 81 25 25

Billetterie : http://jereserve.maplace.fr/reservation.php?societe=154

Le site internet de la salle et sa programmation : http://www.latraverse.org

Facebook : https://www.facebook.com/la.traverse.cleon/

Amandine MARSEGUERRA
Responsable de l’agence artistique AMAX
amandine.marseguerra@amax.fr
www.amax.fr