LE SILO

MJC de Verneuil-Sur-Avre

Le plaisir de la découverte dans une ambiance soignée.

Rencontre avec Anaïs DUNGLAS, directrice de la MJC et Jimmy FAUVEL, régisseur et programmateur du Silo.

La MJC de Verneuild’Avre et d’Iton ouvre ses portes dans les années 1960. N’existe alors qu’un seul bâtiment : le centre social André Malraux dans lequel des concerts étaient déjà organisés. Puis, à la suite d’une initiative citoyenne des jeunes des environs, le bâtiment du Silo est créé, avec comme préoccupations premières, la jeunesse et la culture.Nous vous proposons à travers cet article de découvrir ce lieu atypique et sa programmation, par, et pour le public !

       Ce sont des adolescents passionnés de skate qui, à travers une « Ecole de la citoyenneté », ont eu l’idée il y a 10 ans de réhabiliter cet ancien silo à grainsen skate-park et salle de concert.

« Ce qui est intéressant c’est que c’est un projet qui émane vraiment du public et des jeunes du territoire. » Anaïs DUNGLAS 

lQuoi de plus original que de s’adonner à sa passion du skate le jour et de découvrir un nouvel artiste le soir dans la même salle ? Et le tout, dans un ancien silo à grains !

Aujourd’hui il n’en reste que la salle de concert mais la MJC a conservé l’esprit de ses débuts : le lieu reste atypique et polyvalent.Côté musique vous pourrez retrouver un pôle musiques actuelles et sa salle de concerts, un pôle multimédia et des studios de répétitions. Le skate-park a disparu mais la MJC n’en oublie pas moins sa mission vers la jeunesse en proposant à présent un pôle escalade dont les murs de grimpe se trouvent dans les anciennes cellules du silo à grains. On vous l’avait dit : ATYPIQUE!sasionnés et musiciens. 

LA LIGNE DE PROGRAMMATION DU SILO

Le Silo consacre exclusivement sa programmation aux concerts de musiques actuelles et privilégie beaucoup la découverte.
Abordant tous les styles musicaux, il touche un public très large.

Une nouveauté depuis janvier 2018 permet de toucher un public encore plus varié : les «soirées cabarets», dans un style blues, rock, folk. Ce type d’événement attire une tranche d’âge autour de 30-60 ans et permet à la salle de se faire connaître en dehors de son public premier. Le concept attire de plus en plus de monde dans une ambiance conviviale puisque c’est une population essentiellement locale qui s’y retrouve.

La salle propose également un accompagnement artistique à travers une formation amateur, des scènes ouvertes ou des résidences d’artistes. Peuvent alors se côtoyer amateurs et professionnels, qui fréquententce lieu pour de multiples raisons comme la création, la répétition ou la captation de leur spectacle.

Crédit photo Gérard Jourdain

« Le Silo est aussi un laboratoire de travail » Jimmy FAUVEL

Le théâtre a également sa place à la MJC mais cette fois côté Malraux et à travers une programmation de compagnies amateurs uniquement, des cours de théâtre, et l’accueil de 2 compagnies à l’année. 

Mais la priorité de la MJC est le jeune public (3-12 ans) et les jeunes adultes (15-25 ans), à travers une programmation musicale tournée vers les musiques actuelles.

« Ce que j’aime dans mon métier, c’est l’éducation du citoyen. Les musiques actuelles sont selon moi un outil d’émancipation. » Anaïs DUNGLAS

C’est donc essentiellement un public jeune et local qui profite de tout ce travail. Quoi de plus normal pour une structure qui est née de la volonté de sa population ? Il faut dire que peu d’autres structures autour de Verneuil proposent à l’année une offre aussi riche dans le domaine des musiques actuelles. 

« Lors du dernier Festival, 80% du public venait d’un rayon de moins de 50 km. » Anaïs DUNGLAS 

« C’est important pour une association du territoire de faire venir un public local.» Jimmy FAUVEL

Crédit photo Jean Yves Monière

     La difficulté se situe par contre dans le fait d’attirer des personnes d’autres régions. Car le Silo est une salle en campagne, or le public se déplace plus facilement dans les grandes villes pour des loisirs tels que le concert. Et pourtant, pour un même artiste, la soirée vous coûtera moins chère que dans une grande salle et la proximité avec ce dernier sera assurée.

Mais la MJC de Verneuil se porte très bien comme cela car, comme le rappelle Jimmy FAUVEL, la salle n’a pas forcément vocation à faire venir du public qui vient de loin. Le challenge se situe plutôtdans le renouvellement du public :

  « Un public se gagne continuellement. »

D’autant plus que, même si la structure sensibilise les jeunes à la culture, après le lycée, ces jeunes se retrouvent sans école à proximité où poursuivre leurs études. Ils partent alors dans les grosses villes et c’est un public d’habitués que la salle perd du même coup.

« Même si nous sommes heureux d’avoir atteint nos objectifs d’ouverture culturelle, d’un coup, tout s’arrête. » Anaïs DUNGLAS 

Le meilleur pour la fin : le Festival du Silo, est le point culminant de la saison. A la fin de l’été, deux salles sont alors investies pendant deux jours et parfois réunies pour les plus gros concerts. Des têtes d’affiches, des découvertes et des groupes en développement, dans un mélange de style, s’y succèdent comme un écho de la programmation annuelle de la salle.

LE PLAISIR DE LA DECOUVERTE

       Même si la programmation n’exclue aucun style de musique, les choix se font selon un objectif de développement des musiques actuelles, de découverte. Le Silo considère que ce n’est pas parce qu’un groupe ne passe pas à la télé ou à la radio qu’il n’est pas tout aussi qualitatif. De plus, c’est l’opportunité de découvrir des groupes qui plus tard seront connus. Ainsi par exemple, la MJC a accueilli le groupe BRIGITTE avant qu’elles aient le succès qu’on leur connaît aujourd’hui :

« En tant que public, cela donne un truc en plus, un côté avant-première assez sympa. En plus, les artistes évoluent entre les différentes étapes de leur carrière, on peut donc les connaître différemment à ce moment-là. » Anaïs DUNGLAS

Second critère de choix pour la conception decette programmation : l’ambiance.

 « Les gens viennent aussi pour une ambiance. Sur le territoire français on peut voir de plus en plus les festivals miser sur la déco et l’ambiance. On s’est aperçu que le public ne vient pas que pour voir du concert mais aussi pour se retrouver dans une ambiance. » Jimmy FAUVEL

Selon Jimmy FAUVEL, le spectacle existe pour que les gens se rencontrent. 

L’ambiance est en effet capitale pour la structure. On le ressent d’ailleurs dès que l’on entre dans la MJC, ne serait-ce que par sa déco originale et l’aménagement du lieu.

Les artistes eux-mêmes le ressentent :

 « On tente de se démarquer des autres scènes qui nous entourent par l’accueil des artistes : ils nous disent qu’ils ont l’impression d’être chez eux ». Jimmy FAUVEL

Crédit photo Phraid Ragghen

Et puis la découverte permet de ressentir des émotions dont nous n’avions même pas conscience. Et donne parfois naissance à de belles surprises et des moments remplis d’émotions. A titre d’exemple, la MJC a tenté l’organisation d’une « sieste musicale » pour le jeune public. Pour Anaïs DUNGLASil s’agit même de son meilleur souvenir de la saison. Le concept : Un artiste créeune bande sonore, le public s’installe dans des canapés, des alcôves, sur des tapis mis en place dans la salle et commence alors une expérience unique…
Résultat : des retours très émouvants, car un tel moment permet parfois des moments magiques :

« Une petite fille venait de perdre son grand-père. Elle ne dormait plus depuis 3 jours. Et pendant la sieste musicale, elle s’est endormie »Jimmy FAUVEL

« J’ai regardé comment les gens se sont comportés pendant la séance. Ils venaient en famille mais au début ils se sont allongés les uns à côté des autres, avec une certaine distance. Et au fur et à mesure on a vu le cocon familial se recomposer : les parents ont pris leurs enfants dans les bras, les gens se sont physiquement rapprochés. C’est pour ces moments uniques et de partage que l’on fait ce travail. » Anaïs DUNGLAS

Donner l’envie de vivre une expérience que l’on ne connaît pas, cela passe aussi par des tarifs accessibles :

 « C’est un sujet auquel nous tenons. Nos tarifs sont accessibles à tous. » Jimmy FAUVEL

De quoi toucher une large cible avec des prix allant par exemple pendant le festival de la gratuité pour les petits à 18 euros par jour au maximum.

 

 

 

UN SYSTEME ACTUEL PEU FAVORABLE A LA DECOUVERTE

 

La MJC n’est malheureusement pas épargnée par les problèmes liés à la culture et au spectacle. Selon Jimmy FAUVEL, en 5 ans, le prix des artistes a doublé. Et la diminution des ventes de disque ne serait plus un argument valable, car tout le système a changé et s’est réadapté. Aujourd’hui, par exemple, les artistes sont aussi rétribués par leurs vues sur Youtube ou le nombre d’écoute sur les plateformes de streaming musical.

Avec les prix pratiqués, cela devient de plus en plus difficile de pouvoir proposer une programmation qui intègre des têtes d’affiches.

Mais la structure a conscience de n’être pas la seule en difficulté là-dessus. Jimmy FAUVEL et Anaïs DUNGLAS, sont d’accord pour dire qu’à ce rythme-là, les grandes salles finiront elles aussi par être en difficultés…

« Il y a de moins en moins de place pour les groupes émergents. A la base, c’était la mission des SMAC mais par la force des choses, elles peuvent moins assurer cette mission. Ce sont les productions qui choisissent leurs groupes émergents. » Anaïs DUNGLAS

 

 

Des salles comme celle de Verneuil se sentent menacés par des productions qui finissent par monopoliser le marché et prendre le contrôle de tout le système : les structures, qui jusque maintenant étaient indépendantes et avaient la main sur leur programmation, en viennent à simplement louer leur salle aux productions, pour survivre. Et parfois les rachètent même purement et simplement. Les choix artistiques ne sont alors plus la priorité et se sont les productons qui décident de ce que l’on trouve sur le marché du spectacle. Sans oublier une conséquence directe : la disparition de la diversité dans les propositions au public. Dans toutes les régions, dans tous les festivals, on commence à avoir une programmation plus « mainstream », à retrouver les mêmes artistes et les mêmes concerts. La découverte devient rare.

 « On ne parle plus de qualité artistique, on parle de qualité commerciale d’un groupe. C’est très symptomatique du problème. » « Certainsartistes ne sont plus des musiciens, ce sont des stars. Ils écrivent et créent en fonction de ce qui va plaire au public » Jimmy FAUVEL

Les organisateurs de le MJC déplorent réellement le manque d’un réseau fort des petites salles. Car c’est en se rassemblant qu’elles pourraient avoir plus de poids et fédérer leurs idées.

 « Il n’y a pas de réseau formalisé qui aurait un poids dans les discussions » Anaïs DUNGLAS 

 

PROCHAINEMENT AU SILO

      Beaucoup de partenariats sont prévus jusqu’à la fin de cette année 2018, notamment à travers des cartes blanches qui sont des coups de projecteurs sur des associations locales de musiques actuelles. La MJC leur permet alors de montrer leur travail en jouant au Silo. L’avantage pour la salle, c’est que de nouveaux publics, apportés par ces associations, découvrent la MJC.

Egalement, un partenariat avec le festival « Jazz en Ouche » organisé par la ville de l’Aigle est mis en place. Il s’agit d’un festival qui se joue hors les murs. C’est ainsi que le Silo accueillera l’un de ses concerts le 24 novembre.

Pour les enfants, la compagnie « Olifant » de Caen et la compagnie « Paon Paon Cui Cui » qui vient du Havre rythmeront cette fin d’année.

Et toujours les soirées cabarets, un vendredi par mois.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la programmation ou réserver vos places, vous trouverez toutes les infos ci-dessous :

 

POUR RESERVER VOS PLACES :

MJC LE SILO – Verneuil-Sur-Avre

Tel : 02 32 32 36 23

Site internet : https://www.mjcverneuil.fr

Facebook : https://www.facebook.com/mjc.lesilo/

 

Amandine MARSEGUERRA
Responsable de l’agence artistique AMAX
amandine.marseguerra@amax.fr
www.amax.fr